La République Centrafricaine (RCA) fait face à l’une des crises humanitaires les plus complexes et prolongées au monde. En 2025, plus de 2,4 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont en besoin d’assistance humanitaire. Les besoins prioritaires touchent l’accès à la nourriture, à l’eau potable, à l’assainissement, aux soins de santé, à la protection (notamment contre les violences basées sur le genre), à l’éducation, mais également aux abris et articles de première nécessité. Ces besoins continuent de croître dans un contexte d’instabilité persistante, où les affrontements armés réguliers compliquent l’acheminement de l’aide et entravent le travail des organisations humanitaires sur le terrain. Depuis l’indépendance en 1960, la RCA traverse des crises récurrentes, alimentées par la faiblesse structurelle de l’État, les tensions ethniques et une instabilité politique chronique. La situation s’est aggravée depuis 2013 avec la montée des violences intercommunautaires, les changements de régime successifs et l’apparition de multiples groupes armés, dont la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), qui s’est renforcée après les élections présidentielles contestées de décembre 2020. Bien que les forces armées centrafricaines (FACA), appuyées par des partenaires internationaux comme la MINUSCA, aient repris une partie du territoire, le pays reste confronté à une crise multidimensionnelle de niveau 3, le plus élevé sur l’échelle d’urgence humanitaire du Comité permanent inter-organisations.
Dans ce contexte national déjà très dégradé, la préfecture de la Vakaga, située au nord-est du pays à la frontière du Tchad et du Soudan, figure parmi les zones les plus vulnérables de RCA. Classée au niveau 4 de sévérité des besoins intersectoriels selon le HNRP 2025, la Vakaga combine un isolement géographique extrême à une marginalisation politique, économique et sociale. L’État y est faiblement représenté même si des efforts de redéploiement des services publics est sont en cours durant ses dernières années, et de nombreux fonctionnaires de l’administration sont encore basés à Ndélé, dans la préfecture voisine de Bamingui-Bangoran. La Vakaga a d’ailleurs été la dernière des 16 préfectures du pays à accueillir officiellement son préfet en 2018, plusieurs mois après sa nomination. L’absence de services étatiques s’ajoute à un contexte sécuritaire très instable, marqué par la présence active de la CPC, de groupes armés soudanais et tchadiens, et par des tensions intercommunautaires récurrentes. Des affrontements violents ont eu lieu à Birao en 2019, provoquant le déplacement de plus de 15 000 personnes et une recrudescence des besoins en eau, hygiène, assainissement et aide alimentaire. La MINUSCA est aujourd’hui présente à Birao pour protéger les civils, faciliter l’aide humanitaire et soutenir les efforts de stabilisation.
La situation s’est encore détériorée depuis le déclenchement de la guerre au Soudan en avril 2023. La fermeture de la frontière, vitale pour l’approvisionnement de la Vakaga, a entraîné une flambée des prix sur les marchés et aggravé l’insécurité alimentaire. L’afflux massif de réfugiés soudanais et de retournés centrafricains dans la région exerce une pression considérable sur les ressources locales déjà limitées. Selon, le rapport de l’UNHCR du 09 mai 2025, le nombre de refugiés soudanais dans la Vakaga est estimé à 37 836 personnes dont 26 556 dans la ville de Birao (Site de Korsi).
Par ailleurs, les besoins humanitaires dans les secteurs de la nutrition, de la santé, de la sécurité alimentaire (SAME), de l’eau, hygiène et assainissement (EHA), de la protection (y compris la protection de l’enfance et la lutte contre les VBG) ainsi que de l’éducation sont jugés critiques, témoignant d’une situation de crise à urgence. Face à ce contexte, Triangle Génération Humanitaire (TGH), présente dans la Vakaga, adapte constamment ses actions pour répondre aux besoins grandissants des populations, tout en veillant à la sécurité de ses équipes et à la continuité de ses interventions dans une zone extrêmement fragile.