TERMES DE REFERENCE POUR L’ETUDE DE DEPART

 

I. Intitulé de la mission

Mener une étude qualitative et quantitative sur les conflits agriculteurs – éleveurs dans le Mandoul.

 

II. Introduction générale

PILC est une organisation de droit tchadien dont l’objectif est de favoriser l’accès des plus pauvres à la justice. PILC intervient dans 14 localités que sont Massakory, N’djamena, Koundoul, Guelendeng, Bongor, Kélo, Laï, Pala, Moundou, Bébédjia, Doba, Miandoun, Koumra, et Sarh.

PILC met en œuvre depuis Janvier 2021 le projet « Implication des femmes dans la prévention et la résolution des conflits agriculteurs-éleveurs » afin de garantir la protection et la pleine participation des femmes aux accords de paix entre éleveurs et agriculteurs.

Bien que des efforts aient été faits au niveau étatique, des institutions internationales et des organisations locales pour résoudre les conflits agriculteurs et éleveurs, beaucoup reste encore à faire.

C’est ainsi que PILC a mis en place, une stratégie pour sensibiliser les décideurs, les leaders religieux et traditionnels, former les femmes afin qu’elles puissent connaitre leurs droits et les techniques de gestion des conflits. Ainsi les femmes pourraient intégrer activement les comités de prévention et de résolution des conflits agriculteurs-éleveurs. Pour mieux asseoir cette stratégie un état des lieux s’avère indispensable.

 

III. Contexte et justification

Les populations du Grand Moyen-Chari sont agriculteurs de tradition. Les pratiques agricoles sont basées sur le système itinérant (abattis, brûlis). Après les années soixante, les espaces situés autour des villages sont devenus de plus en plus saturés, le système de culture avec une longue jachère ayant été abandonné au profit des systèmes de culture continue.

La plupart des agriculteurs n’avaient pas de bovins, par contre les éleveurs transhumants cherchaient les pâturages de qualité et étaient intéressés par les résidus de culture.

Une relation de complémentarité s’est formée entre ces deux entités. Des relations qui se sont concrétisées au fil des temps par des trocs et les échanges marchands (bœuf de trait, mil, lait, objets artisanaux…).

Sous les effets combinés de la guerre civile, de la sécheresse (1972/73 et 1983/84) et de la pression démographique, cette relation de complémentarité s’est peu à peu dégradée. Non seulement ces deux pratiques se concurrencent dans l’espace, mais on assiste aujourd’hui à un conflit ouvert entre agriculteurs et éleveurs entraînant parfois des violents affrontements intercommunautaires.

Face à ce problème, les acteurs étatiques et non étatiques interviennent naturellement pour dénouer les situations conflictuelles.

Bien que les femmes rurales tchadiennes représentent environ 40% [1]de la population du pays et sont des piliers de la production agricole et de la sécurité alimentaire, elles subissent encore de nombreuses inégalités en termes de revenus et de charge de travail. Elles sont les plus vulnérables. Cette vulnérabilité est liée aux crises alimentaires, au difficile accès à la propriété foncière, au manque de formation, d’éducation et aux pesanteurs sociales et religieuses. Elles sont directement touchées par les conflits agriculteurs-éleveurs liés à l’exploitation des ressources naturelles. Les femmes sont rarement à la base des conflits cependant elles sont absentes des processus de gestion des conflits.

Généralement, lors de la gestion des conflits, les hommes se choisissent et se délèguent des tâches. Et pourtant quelques femmes interrogées, dans le cadre d’une étude récente menée par « Global Network of women Peacebuilders (GNWP) », afin de définir les priorités en matière de l’implication des femmes dans les processus de paix, déclarent être capables de gérer les conflits. Elles se sont exprimées en ces termes : « les femmes peuvent avoir une influence parce que la femme est artisane de paix ; quand la femme veut la paix, elle peut ramener la paix. Elles sont capables de lutter pour la paix et la résolution des conflits ». Nombreuse sont celles qui aujourd’hui, s’impliquent de plus en plus dans la gestion des conflits, à travers des organisations de la société civile. La résolution 1325 du Conseil de sécurité sur Femme Paix et Sécurité, a reconnu l’importance de l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles et a garanti la protection et la pleine participation de celles-ci aux accords de paix.

Dans le souci de garantir la protection et la pleine participation des femmes aux processus de gestion des conflits dans le Mandoul, le PILC sollicite les compétences d’un expert pour mener une étude quantitative et qualitative sur les conflits agriculteurs et éleveurs dans ladite localité. Il s’agira d’identifier les causes et les conséquences de ces conflits et de les analyser. De répertorier les stratégies de gestion qui existent, d’en mesurer l’impact et de jauger l’implication des femmes dans ces stratégies.

 

IV. Objectif de la mission

Mener une étude de base sur les conflits agriculteurs – éleveurs et la participation des femmes dans le processus de gestion (prévention et résolution).

De manière plus spécifique, l’étude vise à :

  • Faire l’états des lieux en matière de conflits éleveurs-agriculteurs (causes et conséquences) ;
  • Identifier les structures de gestion qui existent et évaluer la participation des femmes dans le processus de gestion de conflits éleveurs-agriculteurs ;
  • Proposer des stratégies pour l’implication des femmes dans le processus de gestion de conflits éleveurs-agriculteurs
  • Dresser un tableau statistique des cas de mortalité dus aux conflits agriculteurs et éleveurs et en faire une analyse (pour les trois dernières années)

 

V. Résultats attendus

  • L’états des lieux en matière de conflits éleveurs-agriculteurs est fait ;
  • Les structures de gestion qui existent et la participation des femmes dans le processus de gestion de conflits éleveurs-agriculteurs sont identifiées ;
  • Les stratégies pour l’implication des femmes dans le processus de gestion de conflits éleveurs-agriculteurs sont proposées ;
  • Le tableau statistique des cas de mortalité dus aux conflits agriculteurs et éleveurs est dressé.

 

VI. Profil de l’expert

L’expert doit disposer de compétences prouvées le permettant de prendre en compte toutes les questions que soulève le thème notamment :

 

  • Justifier d’un niveau Bac + 5 en science juridique, en science de l’éducation, en sociologie, en psychologie ou équivalent avec une bonne connaissance des aspects liés aux droits de la femme, aux violences faites aux femmes et aux questions de développement social en milieu rural ;
  • Disposer d’une expérience prouvée dans la réalisation d’étude sociologique et sur les violences, et d’expérience en matière d’enquête de terrain ;
  • Être disponible immédiatement

L’expert devra faire parvenir au PILC une offre technique et financière dans un délai de 5 jours suivant la publication.

 

VII. Durée et calendrier

L’étude doit être menée dans un délai de 10 jours à partir de la date de signature du contrat et le rapport déposé au plus tard le 15 mai 2021.

 

VIII. Soumission

Toute personne intéressée peut soumettre son dossier de candidature, une offre technique et une offre financière à l’adresse suivante : [email protected] au plus tard le 27 Avril 2021 à minuit.

Seules les personnes sélectionnées seront contactées.

 

IX. Localité concernée par la Mission

Département Chef-lieu Sous-préfectures
Mandoul Occidental Bédjondo Bédjondo, Bébopen, Békamba, Peni
Mandoul Oriental Koumra Koumra, Bessada, Bédaya, Goundi, Ngangara, Mouroum Goulaye
Barh Sara Moïssala Moïssala, Beboro, Bekourou, Bouna, Dembo

 

L’Avocate Principale

Me Delphine Kemneloum Djiraïbé

[1] Article « 6 réalités sur l’inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde rural au Tchad » publié par consortium de 6 organisations : OXFAM, AFP, APLFT, CELIAF et CNCPRT ; octobre 2013

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