Geneva Centre for Security Sector Gouvernance lance un avis d’appel d’offre pour le prestataire chargé de créer et animer une plateforme nigérienne multi-acteurs (médias et FDS), Niger

Invitation à soumissionner

Niger – Création et animation d’une plateforme multi-acteurs (médias et FDS) pour améliorer la communication entre les civils et les forces de défense et de sécurité.

Nous vous invitons à bien vouloir soumissionner à l’appel d’offres pour le recrutement d’un prestataire chargé de créer et animer une plateforme nigérienne multi-acteurs (médias et FDS) pour améliorer la communication entre les civils et les forces de défense et de sécurité.

DCAF au Niger :

  • La fondation DCAF (Centre pour la gouvernance du secteur de la sécurité – Genève) travaille depuis 2014 au Niger pour le renforcement et l’efficacité de la gouvernance interne et externe des institutions du secteur de la sécurité, conformément aux bonnes pratiques internationales, à l’Etat de droit, à l’égalité des genres et aux droits humains ;
  • Les partenaires actuels de DCAF au Niger incluent le Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, le Ministère de la Défense, le CNESS, l’Assemblée Nationale, en particulier la Commission de la Défense et de la Sécurité ; l’institution du Médiateur de la République ; ainsi que des médias ;
  • L’approche holistique promue par DCAF implique des collaborations avec l’ensemble des acteurs concernés par le secteur afin de renforcer les capacités institutionnelles et individuelles et promouvoir la collaboration et la confiance entre les acteurs majeurs impliqués dans la prestation et le contrôle des services de sécurité ;
  • Un des objectifs du programme est le renforcement de la confiance entre les populations et les Forces de Défense et de Sécurité notamment grâce au renforcement des initiatives de communications et d’échanges entre la population, les organisations de la société civile, les universitaires, et les médias avec les institutions de sécurité et de défense ;
  • Ainsi des activités du DCAF visant à renforcer les compétences des journalistes nigériens en matière de G/RSS et la facilitation de production et diffusion d’émissions radiophoniques traitant de sujets en lien avec le G/RSS sont régulièrement mises en œuvre au Niger ;
  • Le DCAF souhaite élargir ce volet primordial au contrôle externe du secteur de la sécurité en soutenant la création et l’animation d’une plateforme multi-acteurs réunissant des acteurs du secteur des médias ainsi que des représentants des FDS.

Justification et contexte :

  • Au Niger, les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) nigériennes sont confrontées à de nombreux défis d’information et de communication externe, alors que les journalistes peinent souvent à traiter les informations sécuritaires par méconnaissance (du domaine, des personnes ressources, des faits) ou par crainte ;
  • On constate que les populations sont pour la majorité mal informées ou non informées des mandats des différentes forces, de leurs rôles et règles pour assurer la sécurité du territoire et des citoyens et de leurs biens. Par ailleurs, leur image publique est régulièrement ternie par une difficile gestion de la communication publique, parfois peu transparente ;
  • Selon leurs propres témoignages, les journalistes ont souvent des réticences ou de l’appréhension à contacter des FDS. Ils craignent, souvent par expérience, des refus systématiques, n’ont pas confiance dans les réponses que leurs apporteraient ces interlocuteurs ; ils sont également inquiets des conséquences que cela pourrait avoir sur eux et leur média ;
  • Les FDS quant à eux, sont souvent extrêmement méfiants vis-à-vis des journalistes et des médias, qu’ils considèrent comme partisans, instrumentalisés politiquement, non professionnels, prêts à tout pour un reportage sensationnaliste, à la recherche du scandale pour (faire le buzz) ;
  • Les FDS et journalistes sont pourtant confrontés à des problématiques communes notamment la question des fake-news et la gestion d’informations issues des réseaux sociaux ;
  • Le contexte nigérien actuel – violences et attaques récurrentes contre les FDS par des groupes armées non étatiques, nombreux départements sous état d’urgence, élections en préparation, contexte pandémique avec rôle prépondérant des FSI – nécessite un rapide rapprochement pour une meilleure compréhension mutuelle des deux secteurs ;
  • Dans ce contexte, l’intérêt des populations à rester informées sur les questions touchant aux besoins qu’elles expriment en matière de sécurité et de justice est très important.

Réseaux et Plateformes de médias / journalistes :

  • Il existe au Niger des réseaux et plateformes de médias comme la Maison de la Presse, ou encore la Coordination Nationale des Radios Communautaires (CN-RACOM) et l’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Ethique et la déontologie (ONIMED). Ces organes sont plus ou moins représentatifs et professionnels, beaucoup bénéficient d’appuis de PTF, les seules cotisations de leurs membres ne suffisant pas à leur fonctionnement ;
  • Il y a aussi quelques groupes de travail thématiques comme le Réseau des Journalistes Nigériens Contre le Terrorisme et le Crime Organisé (REJCOT), ou encore le Réseau des Journalistes du G5 Sahel ;
  • Enfin, certains journalistes sont membres de réseaux sous-régionaux comme la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) ;
  • Certains journalistes et médias s’intéressent aux questions de sécurité et de G/RSS mais de manière autonome et sans moyen, avec souvent peu d’outils et de connaissances spécifiques sur le secteur et peu de contacts au sein des FDS ;
  • Par ailleurs des journalistes, souvent très peu outillés, exercent leur métier en zone de forte insécurité, dans des départements sous état d’urgence, où les sujets autour de la sécurité et des FDS sont prépondérants mais aussi où leur propre sécurité est particulièrement engagée.

FDS – portes paroles et responsables communication :

  • Au Niger, les personnes en charge de la communication des FDS et des ministères affairant sont des portes parole et des responsables communication. On compte parmi eux des civils et des gens d’armes aux profils variés, au niveau des ministères (Défense, Intérieur), mais aussi à l’Etat Major des Armées, de la DSP, de la Primature etc. ;
  • Il existe un groupe de travail interministériel sur la thématique « communication ». Il est piloté par la Primature et la Direction de la Communication, de l’Information et des Relations Publiques du Ministère de la défense et rassemble des porte-paroles et responsables communication de la Défense, de l’Intérieur, de l’Etat Major etc. Ce groupe a travaillé depuis 2017 à la restructuration des départements communication des ministères et services ainsi qu’à l’élaboration d’un plan d’action. Des formations sur les thématiques : communication de crise, plan de communication, communication interne etc. ont été délivrées au groupe avec l’appui de PTF ;
  • Il semble que de manière générale, les Forces de Sécurité Intérieure soient un peu plus avancés et expérimentés que les Forces Armées (FAN) en matière de communication au public et de présence dans les médias.

Autres acteurs du secteur :

  • Le paysage de l’information sécuritaire au Niger est également largement occupé par des acteurs des réseaux sociaux et du web. En effet, les « pure Player », ou encore les blogueurs et administrateurs de groupes en ligne (Facebook, messageries instantanées etc.) – non forcément issus de réseaux médiatiques traditionnels et formels – jouent un rôle de premier plan dans la diffusion d’informations traitant de la sécurité et dans l’accès aux citoyens à ces informations. Certains acteurs proposent des contenus de plus en plus formalisés et deviennent des références importantes dans un contexte où les médias traditionnels peinent parfois à traiter des sujets sécuritaires ;
  • Il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’espace commun de réflexion et de travail pour Forces de Défense et de Sécurité et des journalistes s’intéressant aux questions de G/RSS au Niger.  Cet appel à soumissionner vise à identifier un prestataire qui sera en charge de la création et de l’animation d’une plate-forme multi-acteurs (médias et FDS).

Objectif Général : Renforcer la confiance entre populations et FDS en favorisant des communications régulières et des initiatives d’échange entre les médias et les institutions de sécurité et de défense.

Objectifs spécifiques :

  • Renforcer les connaissances des journalistes en matière de G/RSS et de bonne pratique de traitement de l’information sécuritaire ;
  • Renforcer les connaissances des FDS en matière de communication avec des journalistes. Et avec la population à travers les médias ;
  • Créer des liens humains professionnels et de confiance entre des journalistes spécialisés et des représentants des FDS en dépassant les croyances et les a priori vis-à-vis du secteur de l’autre ;
  • Favoriser la compréhension mutuelle des normes et règles qui régissent le secteur d’activité de l’autre (les codes d’éthique et de déontologie des journalistes et des forces par exemple) ;
  • Favoriser la production, la réalisation et la diffusion de contenus et d’investigation journalistiques de qualité sur des sujets sécuritaires.

Par ailleurs, à plus long terme, le fonctionnement de cette plateforme doit permettre :

  • D’amener les professionnels des médias et les FDS, à prendre conscience du rôle et des responsabilités des journalistes dans le contrôle civil et démocratique des FDS ;
  • De Renforcer la sécurité des journalistes ;
  • De permettre d’échanger et de traiter des sujets particulièrement sensibles.

Les acteurs membres de la plateforme :

  • Un noyau dur et permanent rassemblera des journalistes et des représentants FDS ;
  • Il s’agirait de journalistes nigériens déjà intéressés et impliqués dans le traitement de sujets liés à la sécurité et la gouvernance, mais aussi de journalistes exerçant dans des zones d’insécurité, des départements sous état d’urgence par exemple (correspondants locaux etc.) ;
  • Les représentants des FDS seraient prioritairement les responsables de la communication de différents corps, notamment des membres du groupe de travail interministériel pré-cité.

Il s’agit néanmoins de permettre, selon les activités et thématiques abordées par la plateforme, l’implication d’autres acteurs de l’écosystème, par exemple :

  • Des officiers CiMic en charge des relations et actions civilo-militaires, de responsables des radios militaires, de webmasters qui travaillent à la communication web des FDS, ou encore des représentants du CNESS qui travaillent à l’élaboration de la Politique Nationale de Défense et de Sécurité ;
  • Nous n’excluons pas la possibilité que des acteurs des réseaux sociaux et du web puissent prendre part à certaines activités de la plateforme ;
  • Enfin, d’autres acteurs du contrôle externe pourraient participer à faciliter le fonctionnement de cet organe, comme des parlementaires de la CD-S, les services du Médiateur de la République, la CNDH, des OSC, des représentants communautaires ou religieux.

Les thématiques prioritaires :

  • La première rencontre permettra au groupe engagé au sein de cette plateforme de définir ses priorités et principales thématiques de travail ;
  • Nous envisageons qu’elles soient systématiquement abordées sous l’angle de la G/RSS et portent sur des sujets aussi variés que : le processus de G/RSS dans le monde et au Niger, le rôle des acteurs du contrôle externe (notamment des parlementaires ou des OSC etc.) dans la G/RSS, le rôle spécifique des médias, le rôle des FDS durant une pandémie/un état d’urgence, les fake news, l’importance des réseaux sociaux, la couverture des élections, la protection des journalistes, les abus des FDS contre des populations civiles / des journalistes, les techniques d’investigation dans le secteur de la Sécurité.

Fonctionnement et types d’activités :

Règles et responsabilités :

  • Les règles de fonctionnement devront être définies par les acteurs eux-mêmes lors du lancement de cette plateforme ;
  • Les membres initiaux potentiels seront pré-identifiés par le prestataire et le DCAF ;
  • Le DCAF favorisera la participation des acteurs FDS, selon les besoins de la plateforme, fournira une expertise (des formateurs, facilitateurs, outils pédagogiques etc.) pour les activités spécifiquement consacrées à la RSS-G ;
  • Le prestataire sera responsable de la mobilisation des acteurs médias et de l’animation, du suivi et de la mise en œuvre des activités de la plateforme, y compris les aspects logistiques et administratifs.

Méthode attendue :

  • Les types d’activités de la plateforme devront permettre aux membres du groupe de découvrir et comprendre le travail des uns et des autres. Il s’agira donc de favoriser les ateliers et activités communs permettant de rapprocher les acteurs, mais aussi d’organiser des exercices communs pour produire des contenus, de favoriser des visites-terrain etc. ;
  • L’animation, l’expertise et la facilitation seront autant que possible réalisées par des intervenants nigériens ou issus de la sous-région ;
  • Si des activités de la plateforme sont financées et soutenu par le DCAF en 2020 à travers cet appel d’offre, la plateforme est amenée à exister au-delà de ce travail précis. En autonomie pour ce qui est des échanges entre acteurs et de l’entretien du réseau, et éventuellement avec un plan d’action révisé pour 2021 qui pourra être appuyé par le DCAF ou d’autres PTF selon les besoins identifiés.

Livrables 2020 :

  • Avant le 20 décembre 2020 ;
  • Au moins 4 activités communes (sous forme d’ateliers ou autres) devront être mises en œuvre ;
  • Les responsables de la Plateforme produiront un Manuel à l’usage des journalistes pour travailler sur les questions des G/RSS ;
  • Les principaux membres de la plateforme produiront des émissions radio et/ou des articles (au moins 4 au total) en lien avec les thématiques traités par les activités de la plateforme.

Critères de sélection du soumissionnaire :

Candidatures :

  • Les candidatures doivent être rédigées en français et assorties d’une durée de validité minimum de 90 jours ;
  • Elles doivent contenir une proposition technique et financière détaillées (chronogrammes, méthodologie, expertise envisagée, suivi-évaluation des résultats) ;
  • Les soumissionnaires (consultant, organisation, société…) doivent être légalement reconnus dans leur pays d’établissement et avoir une expérience avérée à mener des activités dans le domaine des médias et/ou de la communication en Afrique Sub-Saharienne, dans des environnements fragiles ou conflictuels ;
  • Les soumissionnaires doivent démontrer avoir d’importantes connaissances et des contacts aux sein des acteurs visés par la plateforme, notamment les médias ;
  • Les soumissionnaires doivent être en capacité de pouvoir mener les activités au Niger en toute circonstance, notamment en favorisant l’expertise locale ;
  • Les services proposés seront examinés et évalués en fonction de l’exhaustivité et de la conformité de la soumission avec les critères indiqués dans les Termes de Référence ;
  • La soumission qui répondra à l’ensemble des exigences et possèdera le meilleur rapport qualité/prix sera sélectionnée aux fins d’attribution du contrat ;
  • Les dossiers de candidatures doivent être envoyés au plus tard le 5 juin 2020 à l’adresse : [email protected]